BERNARD SÉGUIN POIRIER

 PEINTRE ÉMAILLEUR SUR CUIVRE

Né à Montréal en 1949, dans ce qui est aujourd’hui le Plateau Mont-Royal, Bernard Séguin Poirier est le quatrième d’une famille de sept enfants, deux filles et cinq garçons. Son père, Marcel Poirier est orfèvre joaillier et sa mère, Rolande Séguin, artiste-peintre et sculpteur. Le couple, originaire de la région de Soulanges à l’ouest de Montréal, s’établit ensuite à Ville-Émard d’où il dessert principalement une clientèle ecclésiastique allant de l’épiscopat québécois jusqu’à l’Europe.

L’évolution d’un art ancien

Bernard Séguin-Poirier apprend le dessin, la sculpture, la peinture, l’orfèvrerie avant de se passionner pour l’émaillage des métaux. Vers l’âge de dix-sept ans, il s’exile en France où il séjourne deux ans. Il en profite pour faire quelques visites exploratrices à Limoges. Fort d’un bagage reçu de première main, Limoges étant le berceau de l’émail, Séguin-Poirier revient au Québec.

Aguerri aux diverses facettes de l’orfèvrerie, l’artiste en herbe développe immédiatement une véritable passion pour l’art du feu. Dès les premiers essais, il s’engage dans une recherche constante vouée à l’expression de la lumière et des couleurs. Il cherche à maîtriser son médium afin de pouvoir laisser libre cours à son imagination, à sa créativité. À mesure qu’il évolue dans le monde des émaux sur métaux, Bernard Séguin Poirier contribue à l’évolution de cet art ancien et pourtant méconnu.

L’artiste développe des techniques d’émaillage inédites et innove dans la conception des fours. On lui doit, entre autres, le plus grand four à émaillage au monde équipé d’un plateau sur rails et muni de portes à guillotine. Ce four et cinq autres de dimensions plus conventionnelles font partie de l’équipement installé dans l’atelier en appendice de sa résidence, la maison historique Pierre-Charay, située à Les Cèdres à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Montréal, au bord du fleuve Saint-Laurent, région de ses racines où il est installé en permanence depuis 1979. Bernard Séguin Poirier vit dans sa maison-galerie et atelier avec sa compagne de vie Suzanne Chénard. Aujourd'hui, les cinq enfants de Séguin Poirier, Anne-Séguin, Félix-Alain, Yan, Léandre et Bénédicte volent de leurs propres ailes mais reviennent fréquemment au nid : la famille représente une valeur primordiale dans la vie de l’artiste

Après sept ans de planification et de création, c’est au cours de l’automne 2001 que Bernard Séguin Poirier inaugure sa Chapelle émaillée. Une première mondiale dans le monde de l’émail sur cuivre. La pièce mesure vingt mètres de longueur par neuf mètres de hauteur (65 pi par 27 pi), et ses murs et plafonds sont entièrement recouverts de panneaux émaillés sur le thème de la fête au Québec. La Chapelle émaillée jouxte la maison-atelier de l’artiste. C’est dans cet Éden aux couleurs de Séguin Poirier que se déroulent depuis le début des travaux les rencontres gastronomiques doublées d’une création inédite de l’artiste en compagnie des convives : les soupers-création.

 
 

L’art de Séguin Poirier

 

Que de fragilité dans un tableau !
Pourtant les œuvres de l’artiste Bernard Séguin Poirier sont inaltérables, qu’il s’agisse des couleurs ou de la matière : Séguin Poirier est peintre émailleur. Peintre dans la mesure où la peinture se définit comme une « représentation, suggestion du monde visible ou imaginaire sur une surface plane au moyen de couleurs », selon la définition du Petit Robert. Car ici, l’artiste qui couche son œuvre sur le métal, le plus souvent du cuivre, y va de couleurs qui ne ruissellent pas du pinceau, pas plus qu’elles ne s’agglutinent sur la spatule.

En effet, Séguin Poirier manie plutôt des silices pulvérisées qu’il disperse au gré de son inspiration à travers de petites passoires.

C’est ensuite la cuisson à haute température (2000 à 2500 degrés F) qui transformera l’œuvre poudreuse en une surface vitrifiée aux couleurs fulgurantes d’un fini brillant. Outre la pureté et l’éclat des couleurs, le dessin et les thèmes chers à Séguin Poirier le distinguent au premier coup d’œil.

On reconnaît un Séguin Poirier!
Par ailleurs, le gigantisme de certaines créations classe le maître-émailleur au rang de phénomène dans la maîtrise de cet art du feu.

Stendhal qui disait ne retenir que « ce qui est peinture du cœur humain » aurait sûrement retenu la peinture de Bernard Séguin Poirier. Depuis ses débuts dans les années 1970, Bernard Séguin Poirier immortalise des scènes de la vie quotidienne, recrée la nature, renouvelle la lumière, rend hommage à la vie.

Un Séguin Poirier c’est d’abord la couleur, c’est un rayonnement lumineux pareil à une invitation à lever les yeux vers un ailleurs plus grand; c’est un oiseau blanc qui habite l’œuvre comme un messager de paix et de liberté; c’est la silhouette d’un enfant, d’un musicien, c’est regarder la vie par une fenêtre à travers laquelle il fait toujours beau.